N° 1 : " Introduction "
Je l’admets, j’adore la laine. C’est vrai que j’ai une petite préférence pour la laine Ouessant. Mais, il faut dire que j’aime la laine sous toutes ses formes : de la finesse inouïe du Mérinos au beau lustre du Lincoln Longwool, en passant par le Shetland et le Corriedale. Oui, je les aime toutes.
Toutefois ma petite passion pour la laine n’est pas sans cause! La laine est une fibre noble dont les qualités textiles sont bien appréciées depuis plus de 12.000 ans. Par exemple, parmi ses qualités on peut dire que :
- La laine est isolante. Grâce à la quantité d’air attrapé dans ses fibres, la laine protège contre le froid, ainsi que contre la chaleur. Elle nous garde au chaud l’hiver et elle est agréable à porter l’été.
- La laine est un bon régulateur d’humidité : elle peut absorber jusqu’à 30% de son poids en humidité tout en restant sèche au toucher. Cette qualité hydrophile fait en sorte que la laine est une fibre qui “respire”.
- La laine résiste à la torsion et à la déformation ; en même temps elle a une bonne élasticité. Grâce à ces qualités, les vêtements fabriqués à partir de la laine retiennent leur forme et résistent aux plis.
- La laine à une affinité naturelle avec la teinture : c’est une fibre textile facile à teindre.
- La laine est difficilement inflammable.
- La laine est une matière textile polyvalente. Elle se présente sous une variété de formes parce que chaque race ovine produit une laine particulière qui la caractérise. Le résultat : nous pouvons trouver une laine pour faire de la layette pour un nouveau né, une laine pour faire un tapis, et une autre pour en faire un bonnet ou un cardigan.
- D’autre part, la laine est une ressource naturelle, renouvelable, et écologique.
Mais qu’est-ce que c’est au juste la laine du mouton ?
Comme l’explique John Bernard D’Arcy* dans Sheep Management and Wool Technology, “En général, les fibres qui constituent la toison du mouton sont semblables à celles d’autres mammifères au pelage constitué de poils. ... Au sens large, ce (l’ensemble des poils des mammifères) sont des poils, mais celles qui poussent sur un mouton sont considérés comme laine. ”
Comme l’ensemble des poils des pelages des mammifères, la laine est produite à partir de la kératine et est constituée par deux, et parfois trois parties distinctes : la cuticule, le cortex, et des fois (mais pas toujours) la moelle.
( d'après Fournier & Fournier, 1995) **
La cuticule est constituée d’écailles. Les écailles, ou plutôt la taille des écailles, déterminent le lustre de la fibre : plus les écailles sont petites et nombreuses, plus la laine est mate et sans lustre. Effectivement, la taille des écailles a une incidence sur la qualité réfléchissante de la laine. Par exemple, le mérinos, reconnu pour sa finesse, est une laine relativement mate : il y a plus de 2.000 écailles par pouce (2.5cm) chez le mérinos. Par contre, la laine d’un Lincoln Longwool, race ovine reconnue pour le lustre de sa laine, n’a qu’à peu près 700 écailles par pouce.§
Le cortex représente jusqu’à 90% du volume de chaque fibre de laine. Les cellules corticales se présentent sous forme de longs tubes : dans chaque cellule corticale il y a des macrofibrilles qui contiennent des microfibrilles qui contiennent des molécules de protéine en forme d’hélicoïde. Cette structure qui peut faire penser aux “poupées Russes” fait en sorte que la laine est à la fois très résistante et très élastique.
De fois, mais assez rarement, la laine peut avoir une moelle. La moelle, aussi appelée le canal médullaire est le résultat d’une kératinisation incomplète. En conséquence, il y a un canal plus ou moins discontinu au milieu de la fibre. Une fibre qui a une moelle est appelée une fibre médulleuse. Il est souvent dit que la laine n’a pas de canal médullaire et que le poil en a. Ce n’est pas toujours le cas. La laine peut en avoir et très souvent certains poils n’en ont pas. D’autre part on dit souvent que les fibres grossières sont toujours médulleuses. Cette affirmation n’est pas toujours vraie non plus. Alors, attention aux idées reçues. Ceci dit, il faut se rendre compte que la présence d’un canal médullaire peut rendre la fibre plus raide et cassante.
* D'Arcy, J. B. Sheep Management and Wool Technology. Kensington : New South Wales University Press, 1981. (p.69)
§ Parkes, Clara. The Knitter’s Book of Wool. New York : Potter Craft, 2009. (p.13)
** Fournier, Nola, and Jane Fournier. In Sheep's Clothing : A Handspinner's Guide to Wool. Loveland, CO : Interweave Press, 1995. (p.15)
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N̊ 2 : “ Fibres primaires et secondaires ”
Comme tous les poils chez l’ensemble des mammifères, chaque fibre de la toison du mouton provient d’un follicule. Pourtant, chez l’ovin il faut noter qu’il existe deux types de follicules : les follicules dits primaires et les follicules dits secondaires. Les fibres provenant de ces deux types de follicules sont reconnues comme les fibres primaires et les fibres secondaires.
Les follicules primaires se développent entre le 35ième et le 40ième jour de gestation : c’est à dire très tôt dans la vie du fœtus. Quant aux follicules secondaires, ils se développent vers la fin de gestation et même juste après la naissance.
Ces deux types de follicules se distinguent non seulement par leur stade de formation chez l’agneau, mais aussi par les types de fibres qu’ils produisent. Les follicules primaires qui produisissent les fibres primaires se regroupent en petits clusters de trois. Les follicules primaires sont plus grands que les follicules secondaires ce qui fait en sorte que les fibres primaires sont globalement plus grandes que les fibres secondaires. Les follicules secondaires qui sont plus petits et produisent des fibres plus fines, se regroupent autour du follicule primaire.
Le rapport entre le nombre de fibres secondaires et le nombre de fibres primaires varie beaucoup entre les diverses races ovines : entre 3 et 50 fibres secondaires pour 1 fibre primaire. Par exemple, chez le mérinos le rapport entre les fibres secondaires et primaires est de 50 à 1 ; tandis que chez un mouton primitif le rapport est nettement moins important.
Pour bien apprécier le rôle fondamental des follicules primaires et secondaires dans la construction de la toison du mouton d’ouessant, il faut comprendre l’évolution de la toison du mouton lors de sa domestication.
Dans sa monographie sur ce sujet, A. R. Bray* trace l’évolution de la toison ovine à partir du mouflon sauvage, l’ancêtre du mouton domestique. Comme l’explique Bray, le mouflon a un double pelage avec un duvet de poils très fins et ondulés qui proviennent des follicules secondaires. Ces poils très fins (nettement plus fins que la laine mérinos) se regroupent autour de gros poils longs, épais et médulleux qui proviennent de follicules primaires.
Au cours de l’évolution de la toison, plusieurs changements se produisent.
D’abord, l’ensemble des fibres pousse davantage : plus long et plus longtemps. Chez le mouflon, les fibres poussent pendant quelques mois, puis s’arrêtent pendant l’hiver ; au printemps l’animal mue; et, le cycle recommence. Chez les moutons, l’ensemble des fibres de la toison pousse sans arrêt et normalement l’animal ne mue plus.
D’autre part, une évolution des follicules apparaît : les follicules primaires deviennent plus petits pendant que les follicules secondaires deviennent plus grands. Il y a toujours une nette différence entre les deux, mais c’est moins marqué que chez le mouflon. Ce changement au niveau des follicules a eu également des conséquences sur les types de fibres produites : les follicules primaires produisent plusieurs types de poils de garde, y compris de la fibre dite “hétérotype” ; par contre les follicules secondaires produisent des fibres de laine bien fine. Mais il faut souligner que ce type de toison n’est pas uniforme : il y a plusieurs types de fibres à diamètre variable. Cette étape d’évolution intermédiaire de la toison ovine correspond à la toison du mouton dit primitif.
Finalement, si on considère un mouton moderne comme le mérinos qui a été “amélioré” et sélectionné pour produire une toison très fine et très uniforme, on voit de nouveau une évolution au niveau des follicules. Désormais, les follicules primaires et secondaires sont de la même taille et ils produisissent tous les deux une laine très uniforme. D’autre part, le rapport entre follicules primaires et secondaires change : il y a plus de follicules secondaires pour chaque fibre primaire.
Et où se trouve notre petit mouton d’ouessant dans tout ça ?
Le mouton d’ouessant n’est ni mouflon, ni mérinos :
c’est un petit mouton rustique avec une belle toison primitive.
* Bray, A. R. “Fleece Types Developed During Domestication.” In The World of Coloured Sheep, The Proceedings of the 6th World Congress on Coloured Sheep, Christchurch, New Zealand, November 2004, edited by Roger S. Lundie and Elspeth J. Wilkinson, 34-37. New Zealand : The Black and Coloured Sheep Breeders’ Association of New Zealand, 2004.
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N̊ 3 : “Les 4 types de fibres qui se trouvent dans une toison ouessant”
En tant que mouton primitif, le mouton d’ouessant nous présente une toison assez particulière : les fibres dites primaires forment une espèce de toison extérieure et les fibres dites secondaires composent la toison intérieure ou sous laine.
Comme j’ai déjà dit dans un article précédent, les follicules primaires produisent plusieurs types de fibres et les follicules secondaires produisent de la laine bien fine.
Mais que sont au juste ces diverses fibres que nous pouvons trouver dans une toison ouessant?
En général, nous pouvons identifier 3 types de fibres dans une toison ouessant. Regardons ensemble la belle toison de Dagobert, bélier ouessant (castré).
Sa toison est parfaitement typique d’une toison ouessant. Notons que j’ai choisi la laine ouessant de couleur grise parce que c’est sur ce type de toison qu’il est le plus facile de voir les différents types de fibres. Pourtant, c’est exactement le même phénomène dans une toison ouessant blanche ou noire ; mais c’est plus difficile à voir en photo.
Dans la photo suivante, j’ai essayé de disséquer une mèche de laine grise de Dagobert pour vous montrer les diverses fibres qui se trouvent dans une toison ouessant.
À gauche il y a une belle mèche de laine, exactement comme elle se présente sur le mouton. À droite, nous voyons les trois types de fibres qui s’y retrouvent.
Comme nous avons déjà vu, les deux types de follicules chez l’ovin produisent de types de fibres différents. Chez le mouton d’ouessant, les poils de garde proviennent des follicules primaires et la laine provient des follicules secondaires.
Les poils de garde se présentent sur deux formes assez distinctes : il y a des fibres dites hétérotypes et des fibres qu’on peut traiter de poil. Ces deux types de fibres proviennent des follicules primaires et en conséquence le diamètre de ces fibres est en moyenne plus grand que ceux des fibres secondaires (laine). D’autre part ces deux types de poils de garde sont nettement plus longs que la laine ce qui fait en sorte que la mèche de la laine ouessant a des pointes effilées.
D’abord, il y a de longs poils de garde dans la toison. Ces poils, bien moins nombreux que les hétérotypes, sont plutôt souples et relativement fins. Les écailles de ces poils de garde sont lisses et insignifiantes ce qui fait en sorte qu’ils sont plutôt lustrés. La quantité des poils de garde dans la toison varie selon l’animal, sachant que les béliers en ont plus que les brebis. D’autres part les poils (de garde) se trouvent surtout dans certaines zones spécifiques de la toison. Notamment, il y a davantage de poils de garde sur l’épine dorsale, au niveau de la cravate, et sur les côtes. Ces poils, bien plus longs et plus foncés que la laine peuvent donner au mouton d’ouessant un aspect hirsute. Marcus, petit bélier 2010 en donne l’exemple.
Pourtant, les poils ne sont pas aussi nombreux que les fibres dites hétérotypes. Tout comme les poils, ces dernières sont plus longues que la laine. Ce sont des fibres hybrides : la pointe de la fibre est semblable à un poil tandis que la partie qui se retrouve près de la peau du mouton ressemble à la laine.
Souvent, on dit que les fibres hétérotypes, ainsi que les poils de garde sont des fibres médulleuses. Attention, ce n’est pas vrai. J’ai fait faire plusieurs analyses au laboratoire pour déterminer le pourcentage des fibres médulleuses dans la toison ouessant. Pour être honnête, je ne m’attendais pas au résultats que j’ai reçus : sur 4 toisons, le pourcentage de fibres médulleuses étaient en moyen de 0,8 % – c’est à dire très peu de fibres médulleuses. Alors, toujours se méfier des idées reçues!
Bien sûr, maintenant que j’y pense, c’est tout à fait logique. Sachant que les fibres médulleuses sont normalement très raides, rigides, et cassantes, si la toison ouessant avait été composée de beaucoup de fibres médulleuses, la main de la filandière les aurait bien reconnues au toucher. Mais ce que cette filandière a reconnu dans une toison ouessant est aux antipodes de fibres médulleuses : j’y retrouve une laine plutôt fine et des fibres lustrées et souples qui ressemblent drôlement au mohair, une fibre non médulleuse! Même en regardant la photo suivante, nous pouvons voir combien la laine ouessant semble être un mélange de laine et de mohair.
Pour voir cette photo en plus grand, veuillez clicker dessus
Ces deux types de poils de garde – poils et hétérotypes – forment une espèce de toison extérieure qui renferme la laine. Les fibres de laine ouessant sont généralement bien fines et proviennent des follicules secondaires. La laine a des écailles très saillantes qui recouvrent la fibre qui fait en sorte que la laine ouessant n’est pas lustrée.
Normalement, nous ne trouvons que ces 3 types de fibres dans une toison ouessant : laine, hétérotypes, et poils (de garde). Pourtant, il faut vous avertir d’un quatrième type de fibre peut se retrouver dans une toison ouessant. Heureusement, ce quatrième type de fibre est très rare chez l’ouessant : après avoir travaillé avec plus de 100 toisons ouessant, je n’ai trouvé ce type de fibre que chez une brebis ; de temps en temps (mais encore très rarement) on peut en retrouver aussi en très petite quantité sur les hanches de certains béliers.
Alors, qu’est-ce que c’est cette fibre infâme ? C’est le jarre.
Les jarres sont les vestiges de l’ancêtre lointain du mouton d’ouessant, le mouflon. Ce sont des fibres médulleuses : très grossières, courtes, cassantes, raides, et rigides. Les jarres qui sont produits par les follicules primaires ont une phase de croissance très brève puis ils se détachent et s’entremêlent dans les fibres de laine.
Les jarres ne sont pas du tout appréciés par les filandières. Et sans doute, c’est une des raisons pour lesquelles on ne les voit que très rarement chez le mouton d’ouessant, ainsi que chez l’ensemble des autres races ovines.
Ceci dit, de temps en temps .... ils se montrent dans une toison ouessant.
À ma plus grande horreur (oui, horreur!), c’est exactement ce que j’ai trouvé quand j’ai tondu Chloé.
Dans la prochaine photo nous pouvons voir ces jarres ou poils courts (comme ceux d’une chèvre) qui ne sont pas encore détachés du cou de Chloé, là où la laine a déjà commencé à muer.
Ça fut la première fois que j’ai écarté un mouton de mon troupeau faute d’une toison correcte.
Heureusement, la présence des jarres dans les toisons ouessant est très rare. Pourtant, à mon avis c’est un défaut très grave, et l’éleveur conscient doit écarter de la reproduction les moutons qui en ont.
Oui, comme nous avons vu, le mouton d’ouessant nous présente une toison assez particulière. Quant à moi, je revendique la beauté et le caractère distinctif qui est celui de la laine ouessant.
Quelle joie et quel privilège de pouvoir travailler une telle laine.
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N° 4 : "L'Uniformité"
Comme nous avons déjà vu, la toison du mouton d’ouessant est assez particulière : elle consiste de plusieurs types de fibres de diamètre et de longueur variables. Cette variation qui se retrouve dans une toison ouessant va à l’encontre de l’uniformité, qualité recherchée par l’industrie textile.
Chez l’ensemble des races ovines dites “améliorées” et “modernes” une sélection a été faite en faveur de l’uniformité. Pourtant notre petit mouton d’ouessant n’a jamais été “amélioré”. Sa toison reste primitive et fait preuve d’un manque d’uniformité sur tous les plans : notamment, au niveau de la longueur des fibres, mais aussi au niveau de la finesse ou du diamètre des fibres, sans oublier le manque d’uniformité sur l’ensemble de la toison.
Chez le mouton d’ouessant, le manque d’uniformité au niveau de la longueur des fibres est particulièrement frappant. Les longueurs de fibres variables dans une toison ouessant font en sorte que les pointes de la mèche ouessant sont effilées. Nous pouvons voir ce même phénomène chez l’ensemble des races ovines dites “primitives”. Par exemple, dans la photo suivante, il y a une mèche ouessant avec une mèche d’un mouton islandais à gauche et une mèche d’un mouton shetland à droite. L’islandais et le shetland sont tous les deux des moutons primitifs et sont considérés comme “cousins” de l’ouessant parce que tous les trois appartiennent au groupe ovin dit "d'Europe du Nord et à queue courte".
Ces pointes effilées de la laine ouessant sont la conséquence de plusieurs types de fibres de longueurs variables. Par contre, dans une toison moderne, la mèche prend la forme d’une rectangle, sans pointes effilées. Cette dernière présentation indique une toison homogène où il n’y a qu’un type de fibre dans la mèche. Par exemple, dans la photo suivante, il y a une mèche de laine ouessant et 3 mèches de laine provenant de moutons modernes.
Comme on a déjà dit, dans une toison ouessant nous pouvons trouver plusieurs types de fibres dont le diamètre varie selon le type. Parfois ces variations de diamètre sont visibles à l’oeil nu, mais dans certains cas il est assez difficile de les voir.
Par contre, dans la toison d’un mouton amélioré, le diamètre de la laine varie relativement très peu : elle peu être très fine, comme chez un mérinos ; ou plus résistante et solide comme chez le Romney. Dans les deux cas, le diamètre des fibres est plutôt homogène.
Pourtant, chez le mouton d’ouessant, on retrouve un mélange de fibres fines et de fibres plus résistantes et solides. À titre d’exemple, j’ai fait analyser la toison de Dagobert au laboratoire. Effectivement, sa toison consiste de fibres aussi fines que la laine mérinos et de fibres aussi résistantes et solides que la laine Romney.
Nous pouvons parler aussi de l’uniformité sur l’ensemble de la toison. C’est à dire, une mèche de laine du cou ressemble à une mèche de laine du côté qui ressemble à une mèche de laine de la hanche.
Justement, dans les races ovines dites améliorées, une sélection a été fait pour créer de moutons qui produisent une toison très uniforme où la laine sur l’ensemble du corps varie très peu.
De nouveau, le mouton d’ouessant, race ovine primitive, fait preuve d’une toison très variable, à l’encontre de l’uniformité.
Par exemple, cette année, j’ai utilisé deux béliers comme reproducteurs : Chti (des Lutins du Montana)
Toison mérinos blanche et brune
Race ovine améliorée, le mérinos est reconnu pour la finesse et l’uniformité de sa toison.
Race ovine améliorée, le mérinos est reconnu pour la finesse et l’uniformité de sa toison.
Chez l’ensemble des races ovines dites “améliorées” et “modernes” une sélection a été faite en faveur de l’uniformité. Pourtant notre petit mouton d’ouessant n’a jamais été “amélioré”. Sa toison reste primitive et fait preuve d’un manque d’uniformité sur tous les plans : notamment, au niveau de la longueur des fibres, mais aussi au niveau de la finesse ou du diamètre des fibres, sans oublier le manque d’uniformité sur l’ensemble de la toison.
Chez le mouton d’ouessant, le manque d’uniformité au niveau de la longueur des fibres est particulièrement frappant. Les longueurs de fibres variables dans une toison ouessant font en sorte que les pointes de la mèche ouessant sont effilées. Nous pouvons voir ce même phénomène chez l’ensemble des races ovines dites “primitives”. Par exemple, dans la photo suivante, il y a une mèche ouessant avec une mèche d’un mouton islandais à gauche et une mèche d’un mouton shetland à droite. L’islandais et le shetland sont tous les deux des moutons primitifs et sont considérés comme “cousins” de l’ouessant parce que tous les trois appartiennent au groupe ovin dit "d'Europe du Nord et à queue courte".
Ces pointes effilées de la laine ouessant sont la conséquence de plusieurs types de fibres de longueurs variables. Par contre, dans une toison moderne, la mèche prend la forme d’une rectangle, sans pointes effilées. Cette dernière présentation indique une toison homogène où il n’y a qu’un type de fibre dans la mèche. Par exemple, dans la photo suivante, il y a une mèche de laine ouessant et 3 mèches de laine provenant de moutons modernes.
Comme on a déjà dit, dans une toison ouessant nous pouvons trouver plusieurs types de fibres dont le diamètre varie selon le type. Parfois ces variations de diamètre sont visibles à l’oeil nu, mais dans certains cas il est assez difficile de les voir.
Par contre, dans la toison d’un mouton amélioré, le diamètre de la laine varie relativement très peu : elle peu être très fine, comme chez un mérinos ; ou plus résistante et solide comme chez le Romney. Dans les deux cas, le diamètre des fibres est plutôt homogène.
Pourtant, chez le mouton d’ouessant, on retrouve un mélange de fibres fines et de fibres plus résistantes et solides. À titre d’exemple, j’ai fait analyser la toison de Dagobert au laboratoire. Effectivement, sa toison consiste de fibres aussi fines que la laine mérinos et de fibres aussi résistantes et solides que la laine Romney.
Nous pouvons parler aussi de l’uniformité sur l’ensemble de la toison. C’est à dire, une mèche de laine du cou ressemble à une mèche de laine du côté qui ressemble à une mèche de laine de la hanche.
Justement, dans les races ovines dites améliorées, une sélection a été fait pour créer de moutons qui produisent une toison très uniforme où la laine sur l’ensemble du corps varie très peu.
De nouveau, le mouton d’ouessant, race ovine primitive, fait preuve d’une toison très variable, à l’encontre de l’uniformité.
Par exemple, cette année, j’ai utilisé deux béliers comme reproducteurs : Chti (des Lutins du Montana)
Ces deux béliers, de lignées différentes, nous présentent deux looks particuliers : Chti a une toison nettement plus courte que Caramel ; d’autre part Caramel semble être bien plus rustique au niveau de la toison. Mais attention! Il faut se méfier des apparences trompeuses. Certes, la toison de Chti est globalement plus fine et plus courte que celle de Caramel. Ceci dit, nous pouvons voir le même phénomène chez ces deux béliers.
J’ai pris trois échantillons de laine de chacun de ces deux béliers : un du cou (hors cravate), un du côté, et un de la hanche.
Voilà les échantillons prélevés sur Caramel :
La différence entre les échantillons est plutôt frappante ! C’est très parlant! Pourtant, j’aimerais bien ajouter un seul commentaire : la laine est nettement plus fine autour du cou et plus rêche autour de la hanche, sans prendre en compte les hétérotypes ou les poils de garde.
Quant à Chti :
Effectivement, on observe le même phénomène que chez Caramel.
- L'échantillon du cou (toujours hors cravate) est plus court et presque en forme d’un rectangle. C’est à dire qu’il n’y a pas beaucoup de variation au niveau des types de fibres. La laine est aussi bien fine et très douce au toucher.
- L'échantillon du côté est plus long que celui du cou et les pointes sont effilées. C’est à dire qu’il y a plusieurs types de fibres dans la mèche : en l’occurrence toujours de la laine, de longueur comparable et davantage d’hétérotypes.
- L’échantillon de la hanche est encore plus différencié que celui du côté, effilé avec plusieurs types de fibres. Toutefois, la laine est quasiment de la même longueur que celle du côté mais pas tout à fait aussi fine.
C’est vrai que l’uniformité n’est pas au rendez-vous dans une toison ouessant ...
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N° 5 : " Des mèches, du style, et du caractère "
La toison du mouton se présente en forme de mèches. Une mèche de laine a une forme bien distinctive et en quelque sorte elle fait la beauté de la toison.
Généralement, lors de sa croissance, la laine s’organise en petits paquets de fibres. Ces petits “paquets” ou mèches de laine se voient quand on écarte la toison. D’autre part, on les voit après la tonte, quand la toison, sans manipulation, semble se diviser en petits paquets de fibres.
La laine mérinos est particulièrement reconnue pour ses belles mèches très distinctives. Mais l’ensemble des moutons dits modernes et “améliorés” ont de mèches de laine bien caractéristiques.
À l’encontre de races ovines dites améliorées, le mouton d’ouessant et ses cousins primitifs n’ont pas de mèches remarquables.
Dépourvu de mèches distinctes et bien structurées, la toison de moutons primitifs se présente plutôt comme un amas de laine “en bloc”. La toison ouessant n’échappe pas à cette règle générale. À titre d’exemple, la toison juvénile de Jasper, bélier gris, montre bien ce phénomène :
Pour séparer une “mèche” ouessant de la toison, il faut la retirer par ses longs points effilés. Pourtant, même séparée de la toison, une mèche de laine ouessant fait preuve d’un manque de structure.
Alors, qu’est-ce que c’est cette structure ? Et pour quoi le mérinos en a autant tandis que notre petit mouton d’ouessant n’en a que très peu et très rarement ?
La structure de la mèche dépend d’une seule chose : l’uniformité. Pour une belle mèche, bien formée, il faut que l’ensemble des fibres soit très uniforme pour faire en sorte qu’elles s’alignent parfaitement. Quand il y a plusieurs types de fibres à diamètre et à longueur variables les fibres ne peuvent pas s’aligner. Grâce à toutes ces fibres différenciées, il est quasiment impossible de voir le “crimp” (les ondulations naturelles de la laine).
Comme nous avons déjà vu, l’uniformité n’est pas au rendez-vous dans une toison ouessant. Alors ce manque de mèches bien structurées chez l’ouessant n’a rien d’étonnant.
Pourtant, de temps en temps, nous pouvons voir chez le mouton d’ouessant des mèches de laine dont la structure est presque distincte. Mais c’est assez rare et normalement localisé autour du cou. Par exemple, dans la photo suivante, nous pouvons voir quelques mèches (autour du cou) plus ou moins distinctes chez Chti des Lutins du Montana.
Dans le monde textile, quand on voit les mèches de laine bien structurées avec les ondulations distinctes, nous parlons d’une toison qui a du style. D’autre part, on parle du “caractère” pour désigner l’aspect global de la toison : le style des mèches, la couleur de la laine, les ondulations naturelles, et la douceur.
Alors, il se peut qu’une toison ouessant n’ait pas beaucoup de style, mais à mon avis elle a un caractère tout à fait à part : à la fois douce et rustique et aux couleurs exquises ...
Généralement, lors de sa croissance, la laine s’organise en petits paquets de fibres. Ces petits “paquets” ou mèches de laine se voient quand on écarte la toison. D’autre part, on les voit après la tonte, quand la toison, sans manipulation, semble se diviser en petits paquets de fibres.
La laine mérinos est particulièrement reconnue pour ses belles mèches très distinctives. Mais l’ensemble des moutons dits modernes et “améliorés” ont de mèches de laine bien caractéristiques.
À l’encontre de races ovines dites améliorées, le mouton d’ouessant et ses cousins primitifs n’ont pas de mèches remarquables.
Dépourvu de mèches distinctes et bien structurées, la toison de moutons primitifs se présente plutôt comme un amas de laine “en bloc”. La toison ouessant n’échappe pas à cette règle générale. À titre d’exemple, la toison juvénile de Jasper, bélier gris, montre bien ce phénomène :
Pour séparer une “mèche” ouessant de la toison, il faut la retirer par ses longs points effilés. Pourtant, même séparée de la toison, une mèche de laine ouessant fait preuve d’un manque de structure.
Alors, qu’est-ce que c’est cette structure ? Et pour quoi le mérinos en a autant tandis que notre petit mouton d’ouessant n’en a que très peu et très rarement ?
La structure de la mèche dépend d’une seule chose : l’uniformité. Pour une belle mèche, bien formée, il faut que l’ensemble des fibres soit très uniforme pour faire en sorte qu’elles s’alignent parfaitement. Quand il y a plusieurs types de fibres à diamètre et à longueur variables les fibres ne peuvent pas s’aligner. Grâce à toutes ces fibres différenciées, il est quasiment impossible de voir le “crimp” (les ondulations naturelles de la laine).
Comme nous avons déjà vu, l’uniformité n’est pas au rendez-vous dans une toison ouessant. Alors ce manque de mèches bien structurées chez l’ouessant n’a rien d’étonnant.
Pourtant, de temps en temps, nous pouvons voir chez le mouton d’ouessant des mèches de laine dont la structure est presque distincte. Mais c’est assez rare et normalement localisé autour du cou. Par exemple, dans la photo suivante, nous pouvons voir quelques mèches (autour du cou) plus ou moins distinctes chez Chti des Lutins du Montana.
Dans le monde textile, quand on voit les mèches de laine bien structurées avec les ondulations distinctes, nous parlons d’une toison qui a du style. D’autre part, on parle du “caractère” pour désigner l’aspect global de la toison : le style des mèches, la couleur de la laine, les ondulations naturelles, et la douceur.
Alors, il se peut qu’une toison ouessant n’ait pas beaucoup de style, mais à mon avis elle a un caractère tout à fait à part : à la fois douce et rustique et aux couleurs exquises ...
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N° 6 : " La Beauté du Crimp "
Comme nous avons vu, une toison avec des mèches bien structurées et des ondulations distinctes a du style. Mais que sont au juste les ondulations qu’on peut voir dans une mèche de laine ?
Le crimp, nom utilisé pour désigner les ondulations ou la frisure de la mèche, détermine dans une large mesure l’aspect général de la toison. D’autre part, les qualités les plus appréciées de la laine sont directement liées au crimp. Grâce au crimp, la laine
• est isolante ;
• est très gonflante ;
• et, a une bonne élasticité.
Généralement, plus la laine est fine, plus il y a d’ondulations. Par exemple, une laine très fine peut avoir entre 14 à 30 ondulations par pouce (2,5cm) ; pour une laine moyenne il y en a entre 8 à 14 ; et pour une laine encore moins fine, le nombre d’ondulations peut varier entre1 à 8.
Ces ondulations sont générées par deux types de cellules similaires et antagonistes : l’orthocortex et le paracortex.
L’orthocortex se trouve à l’extérieur de la courbe, tandis que le paracortex se trouve à l’intérieur.
Quand il y a plus de cellules orthocortex que paracortex, il y a moins de crimp. Par contre, quand il y a plus de cellules paracortex que orthocortex, il y a plus de crimp.
L’aspect du crimp varie énormément entre les diverses races ovines. Chaque race ovine a un style de crimp particulier : du crimp fin et régulier du mérinos aux “boucles” bien larges du gotland.
Et où se trouve l’ouessant dans tout ça ?
Comme nous avons déjà constaté, la toison ouessant fait preuve d’un manque d’uniformité qui cache le crimp. Si l’uniformité est au rendez-vous, soit dans une toison très fine comme le mérinos, soit dans une toison moyenne comme le romney, le crimp est très distinct et se voit facilement. Pourtant, ce n’est généralement pas le cas chez l’ouessant, comme le montre bien la photo suivante.
Pourtant, de temps en temps nous pouvons voir du crimp chez un mouton d’ouessant. Normalement le crimp ne se voit qu’autour du cou, là où la toison est la plus uniforme. Dans la photo suivante, nous pouvons voir 4 mèches de laine ouessant, toutes avec du crimp bien fin. Notons que c’est plus difficile à observer chez Caramel et Isard, même si c’est très facile à voir à l’oeil nu. (Il faut admettre qu’il est assez difficile de photographier le crimp!)
Encore du crimp, toujours autour du cou. Cette fois-ci, dans la laine d’une brebis ouessant blanche.
... et de Chti, bélier ouessant noir.
Mais il faut être circonspect! Le fait que nous ne pouvons pas voir de crimp ne veut pas forcément dire qu’il n’y en a pas!
D’abord, une petite proposition. Il faut noter que le crimp est très variable chez l’ouessant : certains moutons en ont plus que d’autres. Mais, quand il y en a, il se dissimule le plus souvent dans une mèche hétérogène. À titre d’exemple, regardons cette mèche de laine prélevée sur ‘TitBijou :
Effectivement, on dirait qu’il n’y a pas de crimp.
Pourtant, si on sépare les longs poils de garde de la laine, on constate que cette laine bien fine (en moyen 18 microns) est ondulée : c’est à dire qu’il y a du crimp ! Ces belles fibres sont très élastiques et douces.
Certes, il y a certains moutons d’ouessant qui n’ont que très peu de crimp. Pourtant, le crimp est normalement au rendez-vous dans une toison ouessant, même s’il reste difficile à voir.
La laine mérinos, reconnue pour son crimp très fin et régulierPour voir cette photo en plus grand, veuillez clicker dessus
Le crimp, nom utilisé pour désigner les ondulations ou la frisure de la mèche, détermine dans une large mesure l’aspect général de la toison. D’autre part, les qualités les plus appréciées de la laine sont directement liées au crimp. Grâce au crimp, la laine
• est isolante ;
• est très gonflante ;
• et, a une bonne élasticité.
Généralement, plus la laine est fine, plus il y a d’ondulations. Par exemple, une laine très fine peut avoir entre 14 à 30 ondulations par pouce (2,5cm) ; pour une laine moyenne il y en a entre 8 à 14 ; et pour une laine encore moins fine, le nombre d’ondulations peut varier entre1 à 8.
Ces ondulations sont générées par deux types de cellules similaires et antagonistes : l’orthocortex et le paracortex.
L’orthocortex se trouve à l’extérieur de la courbe, tandis que le paracortex se trouve à l’intérieur.
Quand il y a plus de cellules orthocortex que paracortex, il y a moins de crimp. Par contre, quand il y a plus de cellules paracortex que orthocortex, il y a plus de crimp.
L’aspect du crimp varie énormément entre les diverses races ovines. Chaque race ovine a un style de crimp particulier : du crimp fin et régulier du mérinos aux “boucles” bien larges du gotland.
Et où se trouve l’ouessant dans tout ça ?
Comme nous avons déjà constaté, la toison ouessant fait preuve d’un manque d’uniformité qui cache le crimp. Si l’uniformité est au rendez-vous, soit dans une toison très fine comme le mérinos, soit dans une toison moyenne comme le romney, le crimp est très distinct et se voit facilement. Pourtant, ce n’est généralement pas le cas chez l’ouessant, comme le montre bien la photo suivante.
Pourtant, de temps en temps nous pouvons voir du crimp chez un mouton d’ouessant. Normalement le crimp ne se voit qu’autour du cou, là où la toison est la plus uniforme. Dans la photo suivante, nous pouvons voir 4 mèches de laine ouessant, toutes avec du crimp bien fin. Notons que c’est plus difficile à observer chez Caramel et Isard, même si c’est très facile à voir à l’oeil nu. (Il faut admettre qu’il est assez difficile de photographier le crimp!)
Encore du crimp, toujours autour du cou. Cette fois-ci, dans la laine d’une brebis ouessant blanche.
... et de Chti, bélier ouessant noir.
Mais il faut être circonspect! Le fait que nous ne pouvons pas voir de crimp ne veut pas forcément dire qu’il n’y en a pas!
D’abord, une petite proposition. Il faut noter que le crimp est très variable chez l’ouessant : certains moutons en ont plus que d’autres. Mais, quand il y en a, il se dissimule le plus souvent dans une mèche hétérogène. À titre d’exemple, regardons cette mèche de laine prélevée sur ‘TitBijou :
Effectivement, on dirait qu’il n’y a pas de crimp.
Pourtant, si on sépare les longs poils de garde de la laine, on constate que cette laine bien fine (en moyen 18 microns) est ondulée : c’est à dire qu’il y a du crimp ! Ces belles fibres sont très élastiques et douces.
Certes, il y a certains moutons d’ouessant qui n’ont que très peu de crimp. Pourtant, le crimp est normalement au rendez-vous dans une toison ouessant, même s’il reste difficile à voir.
* Fournier, Nola, and Jane Fournier. In Sheep's Clothing : A Handspinner's Guide to Wool. Loveland, CO : Interweave Press, 1995. (p.15)
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N° 7 : " Crimp : quelques précisions "
Suite à quelques questions de lecteurs sur le crimp chez le mouton d’ouessant, ses cousins à toison primitives et son ancêtre lointain, le mouflon, je reviens un peu à ce sujet pour ajouter quelques précisions.
Comme nous avons déjà constaté, l’ensemble des toisons dites “primitives” ont de nombreux points communs : notamment, le manque d’uniformité à cause des fibres hétérogènes à diamètres et à longueurs variables.
Alors, il n’est pas du tout surprenant que l’aspect global des toisons dites primitives se ressemble. Comme nous avons vu chez le mouton d’Ouessant, le crimp est dissimulé dans sa toison primitive. Nous pouvons voir ce même phénomène chez les autres races ovines primitives. Toutefois, pour bien voir le crimp dans une toison primitive, il faut séparer les poils de garde de la laine. Par exemple, dans la photo suivante, nous avons une mèche entière de laine islandaise avec un peu de laine dont les poils de garde ont été retirés.
Chez l'islandais les poils de garde sont en moyenne de 27 à 30 microns en diamètre. La sous laine, par contre, est de 18 à 19 microns. Il y a du crimp dans la sous laine, même si les fibres ne s’alignent pas.
Nous pouvons voir la même chose chez un Shetland primitif :
Chez le Shetland les poils de garde sont en moyenne entre 30 et 40 microns. La sous laine, par contre est de 15 à 20 microns et il y a bel et bien du crimp.
Quant au mouflon, l’ancêtre lointain de notre mouton d’Ouessant, sa sous laine est très fine : nettement plus fine qu'un mérinos ! Avec 12 microns en moyenne pour un mouflon et plutôt 18 microns pour un mérinos. En plus la sous laine du mouflon est bien ondulée, c’est à dire qu’il y a du crimp chez le mouflon.
Effectivement, le crimp est tout à fait normal chez le mouton d'ouessant, même s’il ne se voit pas toujours. D’autre part, le crimp n'est pas "moderne". Malheureusement, on a tendance à penser que finesse et crimp veulent dire “moderne”. Mais ce n'est pas vrai. Ce qui fait une toison dite "moderne" et “améliorée” est la sélection. Surtout, sélectionnée pour obtenir une laine de plus en plus uniforme. Avec l'uniformité, il n'y a plus de poils de garde, les ondulations de la fibre (crimp) se voient très facilement, et la mèche de laine devient très distincte.